Mauvaise graine d'étranger 1 [fr]

28 Jul 2020

Ce billet débute une série d’articles sur ma fin de travail dans le système d’enseignement et de recherche publique en République Populaire de Chine (RPC), et comment j’y suis arrivé d’un commun accord ou désaccord avec les multiples côtés chinois.

Je l’ai intitulé “Mauvaise graine d’étranger” suite à un billet publié sur le compte officiel Wechat de l’Administration Nationale de l’Immigration (sigle anglophone NIA) de la Chine. Ce billet se trouve ici et il décrit des situations où des étrangers ont été attrapés par la police de l’immigration en situation d’irrégularité dans leur travail.

Ce qui a attiré mon attention est le titre donné au billet, en chinois “对“歪果仁”非法就业行为说不!”, qui a été traduit par le service traducteur de Wechat, intégré à l’application et que j’utilise presque toujours pour les articles chinois, “To “foreigners” illegal employment behavior not to say”. J’étais étonné. Je ne connaissais pas ce mot pour le sens d’étranger. Alors j’ai regardé sur un traducteur internet, ce qui a donné en français “Dites non au comportement illégal de l’emploi des « noix tordues » !”. De nouveau confusion. Pourquoi 歪果仁 est traduit en “noix tordues” en français ? Alors j’ai regardé sur mon téléphone pour l’application Pleco, qui m’a donné aucun résultat pour le mot en entier. Par contre, les trois sinogrammes étaient divisés en et 果仁. Quant au pinyin, il donnait exactement la même écriture que le mot étranger en chinois, 外国人=WaiGuoRen, sauf pour les tons.

Voici donc le sens caché qui m’avait échappé ! Ces fameux jeux de mots en chinois où l’intonation peut complètement changer le sens final malgré que les sons soient identiques, et ainsi donner parfois de mauvais quiproquo dans une conversation. Et à l’inverse, l’écriture d’un mot peut en cacher un autre. Et c’est là où j’en suis arrivé. Car le sens des deux mots est, d’après l’application, malhonnête/de travers/sournois pour et noyau/noix pour 果仁. Donc, les étrangers qui n’ont pas respecté les règles et leur permis de travail pendant leur séjour en Chine ont été labellisé, en quelque sorte, comme des noix tordues. Les descriptions dans le billet sont claires. Toutes les parties qui ont enfreint les règles sur l’emploi des étrangers en Chine ont été punies selon la loi.

Ce jeu de mots par l’administration de la RPC, que je trouve vraiment déplacé, m’a fait penser à ma propre situation et ce que j’ai vécu au niveau du travail depuis mon arrivée. Non pas que ça est été un désastre. Non. Mais cette impression de ne pas être à sa bonne place, par ses actions et comportements, qui mettent parfois les interlocuteurs mal à l’aise. Et qui se termine par “c’est un étranger” comme absolution des paroles et actions.

Ceci est donc le début des billets et articles sur ma vie de travail en Chine, que j’ai nommé “Mauvaise graine d’étranger”, en image miroir atténué du terme utilisé par l’administration nationale de l’immigration.

Car oui, je pense avoir été une mauvaise graine d’étranger en RPC.

Et donc pour commencer, je vais directement à la fin, ou presque. Ma lettre finale de démission. Pas très polie, avec des fautes, mais claire. Car il faut bien terminer les situations difficiles.

Voilà ! Maintenant, c’est entamé.