En cheminant je me suis souvenu [fr]

12 Sep 2024

C’était l’été 2022, je crois. À Shenzhen. Les confinements étaient finis. Du moins, dans la ville de Shenzhen, les conditions étaient beaucoup moins strictes. De toute façon, les règles changeaient d’une ville à l’autre, d’une province à l’autre. Même s’il fallait faire des tests réguliers pour avoir son code QR vert, on pouvait se mouvoir assez librement.

Nous allions à un restaurant pour déjeuner avec une famille de connaissances de la ville. Le restaurant étant à environ deux kilomètres et nous avions décidé d’y aller à pied. Nous marchions.

En cheminant, je parlais avec l’ami de tout ce qui se passait et de l’amélioration des conditions pour sortir et se rendre à différents endroits. Il me raconta aussi des changements dans son entreprise et le business, principalement à cause de tout le chamboulement dû à la covid-19.

Par le jeu des associations propre à l’esprit, nous avons parlé aussi du monde financier. Et c’est là où je me suis souvenu de ce livre. Pas de toute l’histoire. Mais d’un point qui m’avait frappé par son incongruité. Je l’avais raconté à ma connaissance pendant que nous cheminions vers le restaurant.

Sur le coup, je ne m’étais pas souvenu du titre. Maintenant, si. Ce livre, c’est “Le roi vert” de Paul-Loup Sulitzer. Je l’avais lu dans les années 90. J’ai un vague souvenir de ne pas avoir apprécié le livre. Mais ce qui m’était revenu en mémoire durant notre balade vers le restaurant, c’est que le personnage principal de l’histoire avait créé un gigantesque empire financier international. Et ce qui m’avait étonné dans les descriptions du livre, c’est que très peu de personnes savaient qui sont les vrais propriétaires de toutes ces entreprises et organisations diverses.

En fait, il y avait une sorte de “garde rapprochée” de quelques personnages qui comprenaient ce que leur ami ou chef avait construit. Le plus incongru était que les entreprises dans cet empire, ne sachant pas qu’elles faisaient partie d’une même et unique entité, commerçaient les unes avec les autres dans des relations de business tout à fait normales, et parfois se livraient à des batailles entre elles, comme de rudes concurrentes.

C’est ceci qui m’était revenu en mémoire. En fait, ce que je ne comprenais pas dans l’histoire du livre, c’est comment il est possible de cacher à tellement de monde, tellement de personnes différentes, tellement de gens variés, qu’ils font partie d’un immense ensemble et qu’ils y contribuent chacun à leur manière. Ce qui me chiffonnait en plus, c’est que le chef et sa garde rapprochée semblaient jouer avec les différentes composantes de leur empire à leur guise, avec des buts non-dits. Du moins, pas publiquement.

C’est ce que j’avais décrit à ma connaissance. Et je restais sur ce questionnement, de comment est-il possible que tant de gens soient fourvoyés et ne comprennent pas qu’en fait, il y a une même et unique direction qui les dirige tous. Même quand différentes entreprises paraissent se faire une guerre impitoyable.

PS. écrit le 12 septembre 2024 et publié le 13 septembre.